CLASSES MÉDIAS

Une classe médias en première ligne

Collège Louise Weiss, Nozay

Des professeurs motivés et une volonté de médiatiser les actions de l’établissement. Il n’en fallait pas davantage pour conduire une équipe du collège Louise Weiss (Nozay), encouragée par le chef d’établissement, à postuler pour qu’une classe de quatrième soit labellisée « classe médias ». Bilan d’étape à mi-parcours, alors que les élèves travaillent essentiellement autour de l’interview et se préparent aux concours Médiatiks et Jeunes Reporters pour l’environnement.

Webradio Classes médias Médias scolaires

lundi 1er mars 2021, par Audrey Plessis

Mise en place de la classe médias

« Au collège Louise Weiss, la quatrième médias [1] est la continuité du club webradio initié l’année dernière, explique M. Pandini, professeur de musique et pilote du projet. Une petite dizaine d’élèves en sont issus. Au delà des compétences journalistiques travaillées, elle facilite la communication autour des actions mises en place au collège. En interne, elle aide à fédérer la communauté éducative et crée du lien entre les classes. En externe, elle permet de communiquer davantage vers les familles et publics extérieurs.  »

Le studio radio
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Une progression à l’année

En début d’année, l’accent est mis sur le journalisme, la définition d’un média, le circuit de l’information, comment chercher et produire des contenus de façon responsable. Sur le plan pratique, les élèves s’initient à la prise en main du matériel, s’entraînent en conditions réelles et réalisent les premières interviews. Le nom, le logo, le générique et le slogan de la radio sont choisis rapidement pour lui donner une identité.

Au second trimestre, il s’agit de promouvoir la radio au sein du collège en valorisant les projets qui mobilisent l’ensemble de l’établissement autour de journées ou semaines thématiques. Les productions sont rendues publiques sur une page dédiée du site d’établissement.

La réflexion autour de la préparation des concours Médiatiks et Jeunes reporters pour l’environnement se poursuit. « Ces participations semblent incontournables », note M. Ephritikhine, le chef d’établissement. Médiatiks, c’est « le » concours du Clemi. En participant, l’équipe sait qu’elle va au minimum recevoir les conseils de professionnels pour améliorer son média. Deux élèves très impliquées dans la classe Médias étant aussi éco-déléguées, l’inscription au concours Jeunes Reporters pour l’environnement s’est faite assez naturellement. Deux thématiques ont été retenues : « L’égalité des genres » avec plusieurs sujets et « Les éco-délégués et la campagne Moins de déchets » avec un focus sur l’étagère de tri solidaire.

Campagne "Moins de déchets", la classe médias sensibilise les autres élèves.
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D’ici la fin de l’année, les professeurs espèrent également concrétiser le partenariat négocié avec Radio Terres de Mixes, portée par la Maison des Jeunes et de la Culture de Limours. « Trois rencontres sont prévues : deux dans l’établissement et une dans les locaux de l’association afin que les élèves puissent travailler plus spécifiquement sur la voix, note M. Pandini. Elles ont été reportées du fait du contexte sanitaire. »

L’association Fake Off interviendra quant à elle courant mars pour travailler sur la question de la vérification de l’information à partir de sujets locaux ou nationaux.

Des chroniques aux interviews

Les premiers enregistrements ont été réalisés avec six volontaires en histoire-géographie. « Il s’agissait d’un travail de synthèse pour présenter Détroit et l’histoire des États-Unis à partir de vidéos, détaille une élève. Les textes ont été revus par notre professeure puis nous avons enregistré en studio avec un générique et des virgules sur l’heure de musique. » D’autres ont eu lieu autour de nouvelles de Maupassant en lettres ou de l’égalité des genres en Éducation Physique et Sportive.

Avec Mehdi Rahoui, Directeur national adjoint de l’UNSS
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A la faveur des évènements et projets développés au sein de l’établissement, la classe a aussi eu la chance d’interviewer des personnalités aux fonctions et aux parcours variés, issues du monde de l’éducation, du sport / handisport, et d’associations s’employant à faire évoluer les mentalités sur le handicap.

Exposition sur la laïcité et la solidarité, Semaine Sport Santé et différences, Semaine Olympique et Paralympique… Pour préparer et réaliser les interviews de personnalités, deux modes de fonctionnement sont utilisés :

  • Si les délais le permettent, toute la classe réfléchit aux questions : « Chaque élève en propose deux ou trois, nous en discutons et les reformulons ensemble pour conserver une trame, explique Mme Guillon, professeure d’EPS. Le jour de l’interview, quatre élèves prennent le rôle de « journalistes » et posent les questions, deux autres font office de « techniciens » pour s’assurer des réglages de l’enregistreur et diriger le micro.  »
  • Lorsque le temps manque, comme lors de la venue de Mme la Rectrice, seul un petit groupe est mobilisé. La préparation des questions et les répétitions ont lieu pendant les cours (à rattraper ensuite), les permanences et/ou les récréations. L’équipe fait alors appel à des élèves volontaires.

M. Pandini précise : « En début d’année, nous avons demandé aux élèves d’indiquer leur préférence pour les rôles de « journalistes » ou « techniciens ». La proportion est de deux tiers / un tiers. Nous essayons de respecter ce choix, même si, au final, l’objectif est de pouvoir faire passer tout le monde sur ces différents postes. »

Les premiers bénéfices...

Les élèves sont plus ou moins impliqués dans le projet. « C’est une classe très hétérogène, analyse Mme Guillon. Certains aimeraient devenir journalistes et présentent des facilités. A l’opposé, d’autres ont plus de difficultés. Ils jouent le jeu en classe entière, ne perturbent pas les cours mais ils ne s’impliquent pas davantage. »

L’enseignante constate que ses élèves ont encore des progrès à faire, notamment pour écouter les réponses et prendre de l’assurance afin de pouvoir se détacher de leur trame de questions. Ils ont néanmoins beaucoup progressé, ne serait-ce que dans leur attitude et pour vaincre leur timidité : « Nous travaillons les tournures de phrases et l’oral mais aussi la posture corporelle, la façon de regarder l’invité, de se présenter, la politesse… Et pour les élèves, ce n’est pas juste "parce que c’est comme ça" mais parce qu’il y a quelqu’un devant soi à qui s’adresser. Cela rend les choses plus concrètes. »

Avec Charlotte Fairbank, championne de tennis-fauteuil qui se prépare pour les JO.
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« On apprend plus de choses et de façon différente, témoigne une élève. On rencontre des gens, on travaille la prise de parole, l’éloquence, etc. Selon moi, cela ressemble davantage à une activité extra-scolaire. L’ambiance est assez détendue. » « Je n’aime pas tellement venir en cours s’il s’agit de faire du français ou de l’histoire-géographie. Mais quand c’est pour une interview ça me plaît », ajoute sa camarade.

Au delà des compétences travaillées, certains enseignants notent que leurs relations avec les élèves sont facilitées. En participant activement aux journées et semaines thématiques, qu’elle valorise par ailleurs au travers d’interviews, la classe médias aide à faire vivre le collège et à ce que les élèves s’y sentent bien.

Portfolio


[1Le dispositif, proposé dans l’académie de Versailles, concerne les écoles, collèges et lycées. Il vise à réunir une équipe d’enseignants volontaires pour travailler autour des médias en « mode projet » en mettant les élèves en situation de produire de l’information. Une à deux heures hebdomadaires sont nécessaires, prises au sein des disciplines ou ajoutées à l’emploi du temps des classes (comme une option), avec, si possible, des créneaux permettant du co-enseignement ou la formation de demi-groupes. Depuis 2019-2020, date du premier appel à projet, 30 classes sont concernées

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