S’informer sur les droits et devoirs

Droits et devoirs liés à la publication

Avec le développement des outils numériques, l’utilisation d’images, de photographies, de vidéos, et d’enregistrements audio s’est largement répandue dans la pratique professionnelle des enseignants. Leur publication sur des sites de classe ou d’école, de blogs, ou encore les réseaux sociaux est régie par des règles trop souvent méconnues. Voici donc un petit récapitulatif pour respecter la loi.

Compétences du 21e siècle

Mis à jour le mardi 8 novembre 2022

Les droits d’auteur

Il faut distinguer :

  • Les droits moraux définis par l’article L121 du code de la propriété intellectuelle qui regroupent :
    • le droit de première divulgation, c’est-à-dire le droit de décider ou non de la communication de l’œuvre au public.
    • le droit de paternité imposant que soient apposés sur l’œuvre le nom et la qualité de l’auteur.
    • le droit de respect de l’intégrité de l’œuvre permettant à l’auteur de s’opposer à toute modification ou altération de l’œuvre.
    • le droit de retrait ou de repentir sur l’œuvre
  • Les droits patrimoniaux définis par l’article L122 du code de la propriété intellectuelle qui permettent de tirer profit de l’exploitation de l’œuvre et qui regroupent :
    • le droit de représentation, c’est-à-dire la communication de l’œuvre par tout procédé.
    • le droit de reproduction de l’œuvre, c’est-à-dire la fixation de l’œuvre par tout procédé pour la communiquer au public.
    • le droit de suite,c’est-à-dire le droit de participer au produit de la revente ultérieure de l’œuvre.
  • Cas particulier des agents de l’État
    • La loi DADVSI de 2006 désigne l’agent public comme titulaire de l’ensemble des droits d’auteur comme tout autre créateur, mais la création ayant lieu dans le cadre de sa mission de service publique, l’agent ne conserve dans les faits que le droit de paternité. Ses autres droits moraux, ainsi que ses droits patrimoniaux, sont exercés par l’employeur public.
    • Ce régime spécifique ne s’applique pas « aux agents auteurs d’œuvre dont la divulgation n’est soumise, en vertu de leur statut ou des règles qui régissent leurs fonctions, à aucun contrôle préalable de l’autorité hiérarchique »

Droits à l’image et droit à la voix des personnes physiques

En tant qu’attributs de la personnalité protégés par le droit à la vie privée (article 9 du Code Civil), on reconnaît à toute personne physique le droit de contrôler l’exploitation de son image ou de sa voix, dès lors que cette image ou cet enregistrement vocal permet d’identifier la personne.

  • Cas d’une personne majeure : La diffusion de toute image visuelle ou sonore présentant une personne majeure n’est possible qu’après l’obtention de son autorisation écrite précisant le lieu et la date de réalisation ainsi que l’usage qui va en être fait. Ce droit s’applique également aux personnes décédées et est exercé par les héritiers.
  • Cas d’une personne mineure : L’autorisation écrite des parents ou du responsable légal est indispensable. Elle doit préciser le cadre dans lequel l’image de leur enfant sera utilisée (lieu, durée, modalité de présentation, de diffusion, support…).
  • Exceptions : Il existe 2 exceptions à cette règle au nom du droit à l’information, donc uniquement pour les professionnels :
    • la publication d’images d’une foule (une manifestation par exemple)
    • la publication d’images de personnalités publiques dans l’exercice de leur vie publique (hommes politiques, artistes, sportifs...). Mais s’il s’agit de leur vie privée, on sort de l’exception.

Devoirs liés à la diffusion

Toute exploitation d’une image suppose l’accord de tous les titulaires de droits sur cette image. Il convient donc de bien repérer les droits en présence et de se prémunir en obtenant les autorisations nécessaires :

Définir les droits en présence

  • droit à l’image des personnes physiques
  • droit à l’image des propriétaires des biens présents sur l’image (Une jurisprudence de mai 2004 limite ce droit en précisant que l’exploitation de l’image du bien n’est plus suffisante pour constituer une atteinte au droit de jouissance. Il faut prouver que cette exploitation constitue un trouble)
  • droit d’auteur du créateur de l’image (statut d’œuvre de l’image)
  • droit d’auteur des créateurs d’objets présents sur l’image
  • droit à l’image du propriétaire de l’image (par exemple, dans le cas d’un portrait, il est nécessaire d’obtenir l’autorisation du modèle, celle de l’artiste qui a réalisé le portrait, mais également celle du propriétaire du tableau)

Obtenir les autorisations nécessaires
Le cadre juridique définissant les règles d’utilisation des images est au carrefour du droit pénal, droit civil, droit de la propriété intellectuelle et droit administratif.
Une règle incontournable repose sur la notion de préjudice : la diffusion d’une œuvre ne doit en aucun cas causer de préjudice.
Il est donc indispensable d’obtenir les autorisations nécessaires et citer les références de l’auteur et de l’œuvre.
Tout acte de représentation ou de reproduction d’une œuvre, sans l’accord des auteurs ou de leurs ayants droit, est illicite et constitue un délit de contrefaçon puni pénalement (cf les articles L. 335.2 et suivants du CPI).
Peuvent ainsi être engagées aussi bien la responsabilité pénale personnelle des agents mis en cause que la responsabilité pénale des personnes morales (cf art. 226-7 du Code pénal).

Les images "libres de droits"
En ce qui concerne les images dites "libres de droits", il est nécessaire de vérifier le contrat de licence qui les accompagne. En effet, l’exploitation peut être limitée à un usage strictement privé.

La responsabilité éditoriale d’un créateur de blog
La création d’un blog entraîne :

  • le respect de la charte de la plateforme d’hébergement
  • le respect des droits d’auteur des documents mentionnés
  • le respect du droit à l’image
  • la gestion des comptes utilisateurs et attribution des droits

Pour en savoir plus

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Article rédigé par Caroline Pras-Pesce